L’analyse des pratiques professionnelles, pour renouer avec la confiance.
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L’analyse des pratiques professionnelles est un accompagnement des travailleurs qui s’inscrit dans les plans de formation, en forte demande dans les structures sociales. Elle permet d’augmenter le niveau de professionnalisation des agents, en complétant les acquisitions techniques et les compétences incontournables, liées à ces métiers.
On peut l’appeler « intervention » lorsqu’elle s’adresse à des agents appartenant à une même organisation, à un collectif de travail qui leur est commun. En ce cas, la finalité de l’action ne peut plus être seulement axée sur la progression et l’évolution des personnes du groupe mais aussi nécessairement sur le changement et l’évolution de ce collectif de travail et de ses systèmes organisationnels. Postures, comportements, affects, compétences, technicités…définissent notre identité professionnelle et nos liens aux autres.
Qu’est-ce que l’APP ?
L’analyse des pratiques professionnelles, c’est écouter, décomposer, analyser, les situations vécues dans le cadre classique du travail. Chaque agent va verbaliser son expérience et son ressenti en présentant une « vignette » d’une situation vécue dont les effets, et pour lui et pour les autres, sont insatisfaisant et/ou fragilisant. Cette situation peut se situer dans le champ de ses liens aux personnes prises en charge et/ou de ses liens au collectif dont il est un acteur. Emotions, comportements, questionnements seront exprimés et interrogés avec l’intervenant, le tout dans une écoute favorisant une parole libre et des échanges impartiaux. Par contre l’intervenant se doit d’alerter le collectif si, ce qui est entendu reste « inaudible » par ses acteurs – surdité souvent du à une usure professionnelle installée -.
Les APP doivent non seulement participer à la professionnalisation des agents mais aussi à la prévention des RPS. En effet, les métiers d’accompagnement de personnes handicapées et/ou très fragilisées, demandent un investissement émotionnel qui doit être interrogé et surveillé régulièrement. Les salariés, peu à peu, apprennent à mieux se connaître, perçoivent leur singularité dans leurs liens aux autres et peuvent donc plus facilement comprendre les effets non désirés des actes posés par leur collectif.
L’analyse des pratiques professionnelles devient un espace privilégié et collectif, propice à l’auto-évaluation, à partir du moment où chaque participant a pris tour à tour la parole sans craintes – peurs ou blocages -. L’écoute active de ses collaborateurs et la prise de recul sur sa propre expérience entraine une synergie collective. – Je découvre ce que tu es (professionnellement) je te donne ce que je suis (professionnellement), nous pouvons donc collectivement former quelque chose de plus grand -.
L’apport de l’analyse des pratiques professionnelles… en autre la confiance.
Elle permet la remise en cause, du rapport que chacun entretient avec ses pratiques et avec l’autre, tout en donnant, par la synergie collective, du SENS à nos pratiques. Ce sens, indispensable à nos équilibres vitaux, peut servir un objectif commun pour améliorer ou faire évoluer les compétences individuelles et collectives, tout en mettant en place une prévention efficace de certains RPS (usure professionnelle, conflits, maladies chroniques, etc…).
Ce travail d’analyse stimule positivement la relation à l’autre, à tous les autres et à soi même. Il contribue donc à l’intelligence collective.
Un nouveau lien de confiance peut se tisser, se tricoter entre les collaborateurs et insuffle de nouveau la confiance dans le cadre institutionnel – employeur -. Cette nouvelle empreinte de confiance peut alors se transposer de l’espace privilégié de l’APP vers le lieu de travail. Les craintes, peurs s’effacent au profit d’une dynamique où les marges de manœuvre individuelles et collectives sont retrouvées.
La finalité de l’analyse des pratiques professionnelles, c’est de contribuer, puis d’adhérer collectivement, à une définition claire et partagée des objectifs des missions demandées. Grâce à l’analyse des « savoirs terrain » de chacun, les acteurs améliorent tout le spectre de leurs compétences d’accompagnant – d’encadrant.